L’enquête sur la disparition du petit Émile, survenue en juillet 2023 dans le hameau du Haut-Vernet, a connu ces derniers jours une série de rebondissements troublants.
Près de deux ans après les faits, le mystère reste entier, mais la justice semble explorer de nouvelles pistes, y compris au sein même de la famille de l’enfant.
Le 25 mars, quatre membres du cercle familial proche – les grands-parents maternels et deux de leurs enfants majeurs – ont été placés en garde à vue. Les auditions, menées pour “homicide volontaire” et “recel de cadavre”, ont duré quarante-huit heures avant que les intéressés ne soient relâchés sans mise en examen. Selon le procureur, les charges n’étaient pas suffisantes pour les poursuivre à ce stade, mais l’enquête reste ouverte. Ce n’est pas la première fois que les enquêteurs s’intéressent à la sphère familiale, mais c’est la première fois que cette hypothèse semble explorée aussi frontalement.
Quelques jours plus tôt, un autre événement a semé le trouble dans ce dossier déjà opaque : le suicide du père Claude Gilliot, un prêtre octogénaire très proche de la famille. Islamologue reconnu, professeur émérite à Aix-Marseille, l’homme avait baptisé Émile peu avant sa disparition. Il connaissait intimement les parents et les grands-parents, notamment à travers la chorale des Pénitents gris. Selon sa sœur, le père Gilliot aurait été profondément affecté par une rupture récente avec la famille Soleil, survenue après qu’il a transmis une photo d’eux à la presse, en contradiction avec leur volonté. Cette brouille, cumulée à l’épuisement moral, aurait contribué à son geste fatal.
Du côté judiciaire, les enquêteurs disposent de plusieurs éléments troublants. Le crâne de l’enfant, retrouvé en mars 2024 par une promeneuse, portait des traces de fractures au visage. Autour, les vêtements d’Émile étaient dispersés, mais le corps ne s’y trouvait pas, comme si ces effets avaient été déplacés ou déposés longtemps après sa mort. Une hypothèse qui contredit l’idée d’un accident isolé survenu le jour même de la disparition.
S’ajoutent à cela les zones d’ombre qui entourent le grand-père, Philippe Vedovini. Issu d’un milieu catholique très conservateur, père de dix enfants, il aurait été mêlé dans les années 1990 à une affaire de violences sur mineurs dans une communauté religieuse du Nord. Il n’a jamais été condamné, mais avait été entendu comme témoin assisté. C’est lui qui avait la garde d’Émile le jour du drame.
À ce stade, rien ne permet de conclure ni à une piste criminelle précise, ni à une implication de la famille. L’enquête progresse, et le secret reste presque total du côté du parquet. Mais après des mois de silence apparent, la machine judiciaire s’est remise en marche.