Les buralistes de Gironde ont manifesté pour dénoncer l’essor du marché parallèle du tabac.
Sur le parvis de la gare Saint-Jean à Bordeaux, une quinzaine d’entre eux ont distribué des tracts aux passants, sensibilisant ainsi le public aux conséquences économiques et sociales de ce fléau. Cette mobilisation, orchestrée par la Fédération des buralistes de Gironde, s’est inscrite dans un mouvement d’ampleur nationale, qui s’est déroulée le lundi 3 février 2025, avec des actions similaires menées dans une quarantaine de départements.
Les buralistes alertent sur une situation préoccupante : en 2023, 40 % du tabac consommé en France provenait du marché illégal, privant l’État de plusieurs milliards d’euros de recettes fiscales et favorisant les réseaux criminels. Selon leurs estimations, cette proportion pourrait atteindre 50 % d’ici fin 2025. Parallèlement, les ventes légales de tabac ont chuté de 11,5 % en 2024, mettant en péril l’activité de nombreux commerces.
Les professionnels du secteur dénoncent un paradoxe dans la politique gouvernementale. L’augmentation continue des prix du tabac, censée réduire la consommation, a surtout eu pour effet de pousser les fumeurs vers des circuits illégaux, où les prix sont plus attractifs et les produits échappent à tout contrôle sanitaire. Face à cette situation alarmante, ils réclament un plan national d’urgence contre les trafics, associant les ministères des Comptes publics, de la Santé, de l’Intérieur et de la Justice. Ils exigent également un renforcement significatif des moyens de lutte contre les réseaux criminels, notamment par une multiplication des opérations de contrôle sur l’ensemble du territoire.
Ce rassemblement girondin s’inscrit dans un vaste mouvement national, avec des actions similaires organisées aux quatre coins du pays. À Paris, par exemple, une centaine de buralistes se sont réunis dans le 18e arrondissement pour dénoncer la vente de tabac à la sauvette, un phénomène particulièrement répandu dans ce secteur.
Les buralistes tiennent à rappeler qu’ils ne sont pas de simples commerçants. Leur rôle va bien au-delà de la vente de tabac : ils assurent un contrôle rigoureux des transactions et constituent un maillon essentiel du tissu économique et social local. Leur disparition progressive, sous l’effet conjugué des taxes et du marché noir, représenterait une perte considérable pour l’économie légale et pour les territoires. Ils appellent donc à une prise de conscience collective et à des actions concrètes afin d’endiguer ce phénomène grandissant.