Un conflit émerge dans le quartier des Bassins à flot, où associations locales et acteurs culturels s’opposent à un déplacement de gestion d’un terrain prévu pour accueillir un parc.
Au cœur de la contestation, une décision administrative de Bordeaux Métropole, validée en juin 2024, qui soulève des interrogations sur l’avenir de cet espace promis à devenir un poumon vert pour le quartier.
L’idée initiale semblait pourtant répondre aux attentes des riverains : la création d’un parc public, un espace vert pour compenser l’urbanisation croissante des alentours des Bassins à flot. Ce projet, présenté comme un élément structurant pour le bien-être des habitants, avait été annoncé avec enthousiasme et soutenu par des financements publics, notamment par le biais de taxes locales acquittées par les résidents.
Pourtant, à la surprise générale, la gestion de ce terrain a récemment été réattribuée au Grand port maritime de Bordeaux (GPMB). Cette décision, officialisée par un avenant à une convention datant de 2018, a été perçue comme un coup de poignard pour les habitants et les associations, qui doutent de la sincérité des engagements initiaux.
Des craintes pour l’avenir
Les habitants redoutent que cette redistribution des cartes ne préfigure l’abandon définitif du parc au profit d’activités industrielles ou logistiques. Les craintes se concentrent sur un possible développement d’infrastructures susceptibles de générer des nuisances écologiques et sonores, incompatibles avec la vocation initiale du terrain.
« Ce transfert de gestion est ressenti comme une trahison des promesses faites aux habitants, » expliquent plusieurs acteurs locaux.
Ceux-ci soupçonnent Bordeaux Métropole et le GPMB d’avoir « changé de fusil d’épaule » pour des raisons stratégiques ou économiques, sans tenir compte des attentes exprimées par les résidents.
La bataille judiciaire
Face à cette situation, des associations et riverains ont décidé de porter l’affaire devant le tribunal administratif, estimant que les décisions prises pourraient ne pas respecter les engagements contractuels ou environnementaux liés au projet initial. Les plaignants reprochent notamment à Bordeaux Métropole un manque de transparence dans le processus de validation de l’avenant de 2024.
Ils pointent également un problème de cohérence : comment justifier l’abandon d’un espace vert prévu au cœur d’un quartier qui voit sa densité augmenter de façon exponentielle ?
Ce dossier illustre les tensions croissantes entre développement urbain et attentes environnementales. Le projet de parc des Bassins à flot était porteur d’un espoir de renouveau pour un quartier en pleine mutation. Mais la réallocation du terrain révèle des arbitrages controversés, laissant entrevoir une opposition durable entre les ambitions économiques des collectivités et les revendications des habitants.
L’issue judiciaire de cette affaire pourrait être déterminante. Si les plaignants obtiennent gain de cause, cela pourrait redéfinir les rapports de force entre citoyens, institutions locales et acteurs économiques. En attendant, le devenir de cet espace stratégique reste suspendu à une décision qui pourrait influencer durablement l’aménagement futur du quartier.