Les pêcheurs professionnels de la Dordogne sont à nouveau vent debout contre la justice. En cause : la restriction de l’arrêté préfectoral qui autorisait la capture de lamproies marines à des fins scientifiques.
Un coup dur pour ces artisans de l’eau douce, déjà fragilisés par une réglementation de plus en plus stricte.
L’affaire s’enlise depuis plusieurs mois. L’arrêté en question permettait la capture de 21 000 lamproies pour être transloquées en dehors des zones où sévit le silure, un prédateur redouté. Mais les associations de protection des milieux aquatiques, notamment Défense des milieux aquatiques (DMA) et l’Association des pêcheurs amateurs aux engins et filets de Gironde (ADAPAEF 33), ont attaqué la mesure en justice. Le tribunal administratif de Bordeaux leur a donné raison, suspendant la décision préfectorale le 26 février 2024.
Les juges ont pointé l’absence d’une évaluation des incidences Natura 2000, essentielle pour mesurer l’impact écologique de ces prélèvements. En outre, aucune preuve scientifique ne justifie que la translocation des lamproies améliorerait leur reproduction. Un argument de poids pour les associations, qui dénoncent un projet mal ficelé et risqué pour l’équilibre aquatique.
Les pêcheurs, de leur côté, crient à l’injustice. Regroupés sous la bannière de l’Association agréée des pêcheurs professionnels en eau douce de Gironde (AAPPED 33), ils dénoncent un acharnement juridique qui met leur activité en péril. À leurs yeux, cette décision déséquilibre encore un peu plus leur profession, déjà en souffrance face aux interdictions successives.
Paradoxalement, la préfecture de Gironde a, dans le même temps, intensifié la lutte contre le silure en autorisant sa pêche sans quota. Une mesure qui ne suffit pas à apaiser la colère des pêcheurs professionnels, qui peinent à comprendre pourquoi une pêche scientifique est entravée pendant que des espèces nuisibles prolifèrent sans contrôle.