Deux morts suspectes à Soulac sur-Mer : des familles accusent un Ehpad, la justice s’en mêle

Le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire pour homicide involontaire visant l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Saint-Jacques-de-Compostelle, situé à Soulac-sur-Mer, en Gironde.

À l’origine de cette procédure judiciaire, les plaintes distinctes de deux familles qui mettent en cause la qualité de la prise en charge de leurs proches, décédés à quelques mois d’intervalle.

Les plaignants évoquent des manquements graves : absence de soins médicaux appropriés, surveillance jugée insuffisante, défaut d’hygiène manifeste. Si les faits restent à établir, les accusations ont été jugées suffisamment sérieuses pour que le parquet engage une instruction sur d’éventuelles responsabilités pénales au sein de l’établissement. L’enquête a été confiée à la gendarmerie.

Saint-Jacques-de-Compostelle est un Ehpad privé à but non lucratif, géré par la fondation Partage et Vie, reconnue d’utilité publique. L’établissement accueille une population d’environ 80 résidents, principalement en perte d’autonomie. Dans les deux situations dénoncées par les familles, les défaillances présumées concerneraient des épisodes de déshydratation, des lésions non traitées, voire une absence d’intervention face à des symptômes inquiétants.

Pour l’heure, aucune mise en cause formelle n’a été prononcée. Mais la qualification d’« homicide involontaire » laisse entendre que le ministère public entend explorer l’hypothèse d’un lien direct entre une éventuelle négligence et le décès des résidents concernés. Dans ce cadre, plusieurs axes d’investigation sont envisagés : conformité des protocoles de soins, encadrement médical, disponibilité du personnel infirmier et traçabilité des décisions prises.

Des contrôles sanitaires à venir

Cette affaire survient dans un climat de vigilance accrue à l’égard des établissements d’accueil pour personnes âgées, régulièrement pointés du doigt ces dernières années pour des défaillances systémiques. Le rapport de la mission d’information parlementaire de 2022, déclenché dans le sillage du scandale Orpea, avait mis en lumière des pratiques de rationalisation budgétaire ayant parfois un impact direct sur la qualité des soins et la dignité des résidents.

Dans ce contexte, les révélations concernant l’établissement de Soulac-sur-Mer attirent une attention particulière. Si l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine n’a pas encore communiqué publiquement sur le dossier, des sources proches du dossier indiquent que des contrôles pourraient être diligentés dans les prochaines semaines. Il s’agira notamment d’évaluer le respect des normes d’encadrement et l’adéquation entre les besoins des résidents et les ressources mobilisées.

La direction de l’Ehpad n’a pas souhaité commenter l’enquête en cours, invoquant la présomption d’innocence, et le respect des procédures judiciaires.

Elle affirme néanmoins « collaborer pleinement avec les autorités compétentes »

et rappelle que :

l’établissement « met tout en œuvre pour garantir la sécurité et le bien-être de ses résidents ».

De leur côté, les familles à l’origine des plaintes disent espérer que la justice permettra d’établir clairement les responsabilités et, si nécessaire, d’éviter que d’autres drames ne se reproduisent. Les conclusions de l’enquête, attendues dans les mois à venir, seront déterminantes pour évaluer s’il y a eu, ou non, rupture des obligations de soins.

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