Le quartier “La Négresse”, à Biarritz, pourrait bientôt changer de nom.

La Reine des Reynettes

La cour administrative d’appel de Bordeaux a estimé que cette dénomination porte “atteinte à la dignité humaine”, appuyant une demande portée par des associations de lutte contre les discriminations. Ce tournant judiciaire relance un débat sensible mêlant mémoire locale, identité et évolution sociétale.

Une connotation devenue problématique

L’expression “La Négresse”, inscrite dans la toponymie biarrote depuis le XIXe siècle, suscite depuis plusieurs années l’indignation de militants associatifs et de citoyens. À l’origine, le nom rendrait hommage à une femme noire, tenancière d’une auberge réputée à cette époque. Cependant, pour l’association Mémoires et Partages, ce terme, aujourd’hui perçu comme raciste et sexiste, ne peut plus avoir sa place dans l’espace public.

La rapporteure publique, lors de l’audience du 16 janvier 2025, a souligné que “l’évolution sémantique” du mot lui confère désormais une connotation “insultante et dégradante”. Elle a recommandé l’annulation du jugement du tribunal administratif de Pau, qui avait auparavant rejeté la demande de changement. Cette prise de position judiciaire a renforcé les espoirs des partisans d’une nouvelle appellation.

Une bataille judiciaire et symbolique

En première instance, la municipalité de Biarritz avait défendu le maintien du nom, arguant qu’il s’agit d’un héritage historique sans intention discriminatoire.

“Ce mot n’était pas insultant au moment de son attribution”, a plaidé l’avocat de la ville, tout en précisant que la municipalité envisageait d’installer des plaques explicatives pour contextualiser l’origine du terme.

Cependant, les opposants jugent que l’histoire ne peut justifier une appellation aujourd’hui perçue comme offensante.

“Les mots ont un poids, et celui-ci est un rappel douloureux des discriminations passées”, a déclaré le président de Mémoires et Partages.

Un sujet qui divise les habitants

Dans les rues de Biarritz, les avis sont partagés. Certains habitants dénoncent une “déformation du débat” et défendent le nom comme un élément identitaire lié à l’histoire de la ville. D’autres estiment qu’un changement est nécessaire pour refléter des valeurs contemporaines de respect et d’inclusion.

“On ne peut pas ignorer ce que ce mot signifie aujourd’hui, surtout pour les générations futures”, commente un résident.

Une décision attendue avec impatience

La cour administrative d’appel de Bordeaux rendra sa décision finale le 6 février 2025. Si elle valide l’avis de la rapporteure publique, Biarritz pourrait être contrainte de renommer ce quartier emblématique. Une démarche qui entraînerait des ajustements administratifs et symboliques, mais qui pourrait aussi s’inscrire dans un mouvement plus large de révision des toponymies héritées d’un passé colonial.

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