Bordeaux : des impasses barricadées face à l’insécurité et l’insalubrité
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Depuis 2023, plusieurs impasses de Bordeaux ont été progressivement fermées par des portails sécurisés, à la demande des propriétaires et riverains.

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Cette mesure, validée par la municipalité, vise à répondre à des problèmes croissants d’insécurité et d’insalubrité, dénoncés de longue date par les habitants. Si certains saluent une initiative nécessaire pour restaurer la quiétude des quartiers, d’autres y voient une dérive vers la privatisation de l’espace public.

Des ruelles laissées aux trafics et aux nuisances

Certaines impasses de la ville étaient devenues des points de fixation pour des activités illicites. Dès la tombée de la nuit, elles se transformaient en zones de deal, en repaires de squatteurs et en lieux de rassemblement nocturne bruyants. L’état d’abandon de ces espaces favorisait aussi les dépôts sauvages d’ordures et une utilisation détournée en sanitaires de fortune, au point que des riverains parlaient de “pissotières géantes”.

Avec le temps, la situation est devenue intenable pour les habitants, qui se sentaient prisonniers de ces nuisances. Certains n’osaient plus sortir à certaines heures, redoutant les altercations, la présence de toxicomanes ou les attroupements nocturnes.

Bordeaux : des impasses barricadées face à l’insécurité et l’insalubrité

Des portails pour reprendre le contrôle des lieux

Face à la multiplication des plaintes, des résidents ont interpellé la municipalité, réclamant une solution concrète pour protéger ces impasses. Après plusieurs réunions et études de faisabilité, la ville a validé l’installation de portails sécurisés à l’entrée de plusieurs passages jugés sensibles.

Ces fermetures, financées en partie par les propriétaires et copropriétés, permettent de restreindre l’accès aux seuls riverains et aux services d’urgence. Les dispositifs mis en place sont conçus pour ne pas entraver la circulation des secours, des éboueurs et des agents d’entretien, tout en constituant une barrière physique et psychologique contre les intrusions et occupations illégales.

Une mesure efficace mais controversée

Pour de nombreux habitants, l’effet a été quasi immédiat : moins de nuisances, de trafics et de squats, un sentiment de sécurité retrouvé et des espaces enfin nettoyés. Certains évoquent même un retour au calme attendu depuis des années.

Mais cette initiative soulève aussi des critiques. Des associations et urbanistes alertent sur un risque de fermeture progressive de l’espace public, redoutant que ces dispositifs se généralisent à d’autres rues, au point de fragmenter la ville en zones cloisonnées.

Un autre point d’interrogation subsiste : ces fermetures règlent-elles vraiment le problème ? Certains craignent qu’en repoussant les nuisances hors des impasses, celles-ci se déplacent ailleurs, rendant la situation plus complexe à long terme.

Un dispositif sous surveillance

Consciente des débats que soulève cette initiative, la municipalité affirme procéder au cas par cas. Chaque demande est étudiée selon des critères stricts, et des évaluations seront menées pour mesurer l’efficacité réelle des portails.

Si la sécurisation des impasses semble être une solution de court terme, la ville devra réfléchir à une approche plus globale pour traiter les causes profondes de ces problématiques : gestion des flux urbains, encadrement des logements vacants, lutte contre le trafic de drogue et renforcement des dispositifs de prévention.

En attendant, pour les riverains concernés, le changement est indéniable : les nuisances ont nettement diminué, et leurs impasses, autrefois abandonnées à l’insécurité, sont redevenues des lieux de vie plus paisibles.

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