Ce jeudi matin, une soixantaine de salariés et sympathisants du secteur du jeu vidéo se sont réunis devant les locaux d’Ubisoft Bordeaux, situés dans le quartier de Bastide-Niel.
Ce rassemblement n’est pas un fait isolé : il s’inscrit dans une journée nationale de mobilisation lancée par le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo (STJV), dénonçant des conditions de travail précaires et une vague de licenciements qui secoue l’industrie.
Rarement le jeu vidéo français a connu une telle fronde sociale. Ce secteur, souvent perçu comme dynamique et en pleine croissance, cache pourtant des réalités plus sombres : pressions sur les délais de production, contrats précaires, salaires parfois en décalage avec les profits générés et, récemment, des licenciements en cascade. La mobilisation de ce jeudi reflète ces préoccupations, avec des revendications claires : davantage de transparence sur la gestion des studios, la protection des emplois et une amélioration des conditions de travail.
Ubisoft Bordeaux a été choisi comme point de rassemblement symbolique. Ouvert en 2017, ce studio a grandi rapidement pour compter aujourd’hui plus de 400 employés. Pourtant, malgré cette expansion, la filière du jeu vidéo reste marquée par des logiques économiques incertaines, où la rentabilité prime parfois sur la stabilité des emplois.
Si Ubisoft Bordeaux était sous les projecteurs, la contestation ne se limite pas à ce seul studio. Parmi les manifestants, des employés et indépendants d’autres studios bordelais ont tenu à marquer leur soutien. La ville est devenue, ces dernières années, un pôle majeur du jeu vidéo en France, accueillant des entreprises comme Asobo Studio, Motion Twin ou Shiro Games. Leur présence aux côtés des salariés d’Ubisoft témoigne d’une prise de conscience collective face aux défis du secteur.
Un mouvement qui s’étend à toute la France
Bordeaux n’a pas été la seule ville à voir ses créateurs de jeux vidéo descendre dans la rue. Paris, Lyon, Montpellier, Annecy, Angoulême et plusieurs autres métropoles ont également connu des rassemblements similaires, preuve que le malaise est généralisé. Dans un contexte de restructurations et d’incertitudes, cette grève pourrait marquer un tournant dans les relations entre salariés et grandes entreprises du secteur.
L’industrie du jeu vidéo, longtemps perçue comme un milieu de passionnés prêts à accepter des sacrifices pour exercer leur métier, semble aujourd’hui amorcer une mutation sociale. Pour les manifestants bordelais, l’objectif est clair : alerter l’opinion et peser sur les décisions futures pour garantir des conditions de travail plus justes et plus durables.