Bordeaux Métropole s’engage dans une ambitieuse opération de modernisation de son réseau de tramways, avec un investissement conséquent de 40 millions d’euros.
L’objectif ? Fluidifier, sécuriser et rendre plus fiable ce mode de transport, aujourd’hui soumis à de nombreuses contraintes techniques et environnementales.
Le diagnostic, confié au bureau d’études Systra, a permis de dresser un état des lieux précis des failles du réseau. Pas moins de 92 mesures ont été identifiées, allant de la réorganisation de certaines stations à des interventions techniques de grande envergure, telles que le remplacement des fameux coffrets d’alimentation par le sol (APS), un talon d’Achille historique du système bordelais.
Un réseau à bout de souffle
Le rapport de Systra révèle que 65 % des interruptions du service sont causées par des facteurs externes : manifestations, travaux, accidents ou encore vandalismes. Ces aléas, souvent imprévisibles, viennent perturber un tramway déjà malmené par son intégration dans le trafic urbain. Mais le tableau n’est pas rose non plus du côté des causes internes. Les problèmes d’infrastructure, tels que des rails abîmés ou une signalisation défaillante, représentent 35 % des dysfonctionnements, et les lignes A et B paient le plus lourd tribut, notamment à cause des coffrets APS, responsables de nombreuses pannes chroniques.
Des solutions concrètes déjà sur les rails
Pour répondre à ces défis, Bordeaux Métropole a opté pour des actions pragmatiques et ciblées. Dès cet été, des aiguillages supplémentaires seront installés à proximité de la station Porte de Bourgogne. Cette amélioration permettra une liaison directe entre la rive droite, la gare Saint-Jean et l’aéroport, évitant des correspondances inutiles.
D’autres ajustements concernent la vitesse de circulation : à Mérignac, la modification d’un aiguillage permettra de passer de 15 à 40 km/h sur une courbe. À Pessac Alouette, un pilotage optimisé d’un aiguillage réduira les temps de parcours.
Le confort des usagers n’est pas en reste. Des stations stratégiques comme Hôtel de Ville ou Pellegrin bénéficieront d’aménagements pour fluidifier la montée et la descente des voyageurs, tandis que le déplacement de la station gare Saint-Jean est prévu pour 2025, offrant ainsi plus d’espace aux flux grandissants.
La grande bataille des coffrets APS
Un des points névralgiques de ce plan concerne le remplacement de 1 500 coffrets APS, une technologie emblématique du tramway bordelais mais aussi l’une des plus fragiles. Une première phase de 400 coffrets est déjà en cours, accompagnée du renouvellement de câbles électriques enterrés.
En parallèle, pour éviter des incidents liés à des objets obstruant les rails, Keolis a expérimenté l’installation de brosses sur trois rames, une innovation prometteuse qui pourrait être déployée à grande échelle.
Outre ces mesures concrètes, des actions complémentaires viennent enrichir ce plan : renforcement des sous-stations électriques, pelliculage anti-UV des vitrages pour protéger les passagers de la chaleur et graissage des rails pour réduire le bruit et l’usure. Une quarantaine d’autres recommandations, nécessitant encore des études, pourraient venir s’ajouter à cette transformation progressive.
Avec cet investissement conséquent, Bordeaux Métropole mise sur une remise à niveau de son tramway pour répondre aux attentes croissantes des usagers et affronter les défis de la mobilité urbaine. Ce projet ambitieux ne se veut pas révolutionnaire, mais il marque un pas décisif vers un réseau plus performant, plus fiable et mieux adapté à une métropole en pleine expansion.