Échange avec Patricia Groussin : « La musique peut aussi soigner » . La Reine des Reynettes, le festival où la solidarité prend la parole
© IDphotographique/ La Reine des Reynettes

Le 4 octobre, la salle Fongravey à Blanquefort résonnera au son du festival « La Reine des Reynettes ». Né de la passion et de l’engagement de ses organisateurs, l’événement a rapidement trouvé sa place parmi les rendez-vous culturels incontournables en Gironde. À partir de 18 h, le public pourra profiter d’une soirée où concerts et découvertes musicales s’entrelacent avec une cause essentielle : soutenir Octobre Rose et contribuer, par la fête, à la lutte contre le cancer du sein.

Derrière ce projet, il y a une équipe de passionnés et de nombreux bénévoles qui donnent sans compter leur temps et leur énergie. Leur engagement fait du festival bien plus qu’une simple scène musicale : c’est un moment de partage, de convivialité et d’entraide, où chaque billet contribue à financer des soins pour les femmes touchées par la maladie. « La Reine des Reynettes», c’est la démonstration que la culture peut être à la fois festive et profondément humaine.

Échange avec Patricia Groussin : « La musique peut aussi soigner » . La Reine des Reynettes, le festival où la solidarité prend la parole
©La Reine des Reynettes

À la veille de cette édition 2025, Le Bulletin Bordelais a échangé avec Patricia Groussin, présidente de l’association La Brigade du Fun et cofondatrice du festival. Elle revient sur la naissance de cette aventure, ses plus belles réussites et les espoirs qu’elle nourrit pour l’avenir.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce festival et comment l’idée a-t-elle évolué jusqu’à aujourd’hui ?

Patricia Groussin : En fait, nous sommes musiciens nous-mêmes et nous aimons beaucoup aller à des festivals et voir de la musique avec Jérôme, le cofondateur. Nous voulions créer un festival à notre image : à la fois un festival qui reconnaisse et mette en lumière des artistes montants de notre région, en qui nous croyons, et en même temps un événement qui serve une belle cause.

En trois éditions, comment le projet a-t-il grandi et quelles sont selon vous les plus grandes réussites ?

Patricia Groussin : Nos plus grandes réussites, c’est d’abord le fait que nous commençons à être connus et que les artistes n’hésitent plus à nous dire oui. C’est un vrai signe de confiance. Nous réussissons aussi à attirer du monde, et les médias s’intéressent un peu plus à nous chaque année. Enfin, la réussite la plus importante reste l’argent récolté : 3000 euros la première année, 1000 euros la deuxième.

“Pour donner un ordre d’idée, certaines villes entières récoltent 800 euros sur toutes leurs actions d’Octobre Rose. Nous, en une seule soirée, nous faisons davantage, et cela permet d’aider concrètement des femmes. C’est notre plus grande fierté.”

Le festival est fortement lié à Octobre Rose. Pourquoi ce lien avec la lutte contre le cancer du sein est-il si important pour vous ?

Patricia Groussin : Parce que ma meilleure amie, Alexandra, a eu un cancer du sein, et cela m’a beaucoup touchée. C’est mon amie depuis que j’ai cinq ans. Elle habite à Ramatuelle, et j’avais l’impression de ne pas pouvoir faire grand-chose pour elle. À travers ce festival, j’essaie d’agir pour elle, mais aussi de montrer que la musique et les artistes peuvent se mettre au service de la solidarité.

“Un moment festif peut apporter de la force dans des moments qui le sont beaucoup moins, comme la maladie.”

L’organisation repose en grande partie sur le bénévolat et la solidarité locale. Comment parvenez-vous à mobiliser autant de forces vives et à trouver vos artistes ?

Patricia Groussin : Pour les artistes, c’est souvent un coup de cœur. Soit nous les voyons en concert, soit quelqu’un nous en parle et nous allons écouter. Cela reste en général des artistes de la région. Par exemple, Manny Jap, parrain du festival cette année, a été un véritable coup de cœur : nous l’avons écouté plusieurs fois et sommes même allés à ses concerts. Cynthia, nous l’avons rencontrée lors d’un tremplin, et son électro-handpan nous a immédiatement séduits. Ce sont des rencontres à la fois musicales et amicales. Et à chaque fois, les artistes nous disent oui : la seule raison d’un refus, c’est une indisponibilité à la date du festival.

La programmation mélange des styles musicaux très différents. Comment se font vos choix artistiques ?

Patricia Groussin : C’est toujours des coups de cœur, des groupes que nous écoutons ou rencontrons. On nous présente aussi parfois des musiciens. L’idée est de proposer une programmation très éclectique : pas seulement du rock, pas seulement de la pop. Nous voulons que chacun trouve son compte, et que quelqu’un qui vient pour un groupe précis reparte avec une découverte inattendue.

“Cela permet d’ouvrir les oreilles à d’autres styles, et c’est une vraie richesse.”

Quels sont les défis les plus complexes à gérer lorsqu’on organise un festival de cette ampleur, sans structure professionnelle derrière ?

Patricia Groussin : Les défis les plus complexes sont humains et matériels.
Côté humain : gérer sept groupes sur un plateau, programmer les balances, assurer les changements toutes les 45 minutes le jour J. C’est un vrai défi technique.

“Côté financier : il y a des frais incontournables, comme les droits SACEM, le matériel, la nourriture, les consommables… Car il faut nourrir plus de 50 personnes (artistes et bénévoles) pendant la journée.”

C’est important : partager un repas crée de l’énergie, renforce la convivialité et donne envie de revenir. Mais cela coûte cher, donc nous faisons appel aux entreprises, boulangeries, traiteurs ou restaurateurs pour nous soutenir, en argent ou en dons alimentaires.
Enfin, c’est un investissement énorme en temps et en énergie : Jérôme, Philippe et moi travaillons des mois en amont, tout en ayant nos métiers et nos enfants. Heureusement, nos enfants participent aussi comme bénévoles, et nous sommes fiers de leur transmettre cette valeur d’engagement.

En regardant vers l’avenir, quelles ambitions ou évolutions aimeriez-vous pour La Reine des Reynettes dans les prochaines années ?

Patricia Groussin : Nous aimerions être encore plus reconnus par les médias locaux et par le public.

“Notre but est surtout de récolter toujours plus d’argent, car chaque 50 euros financés, c’est un soin concret offert à une femme.”

C’est très important pour nous que les gens sachent exactement où va leur contribution. Un groupe de cinq amis qui vient au festival a financé un soin, c’est concret. Et au-delà de ça, nous souhaitons aussi que les artistes que nous accueillons gagnent en visibilité et en reconnaissance grâce à leur passage au festival.

Le Bulletin Bordelais : pour en savoir plus sur le Festival, c’est par ici

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