Le CHU de Bordeaux et deux médecins poursuivis pour blessures involontaires : retour sur l'affaire Priscilla Dray

Une erreur médicale peut parfois avoir des conséquences irréversibles. C’est le cas de Priscilla Dray, une mère de famille bordelaise qui, après une simple intervention médicale, a vu sa vie basculer.

La Reine des Reynettes

Son combat judiciaire, débuté il y a plus d’une décennie, connaît une étape cruciale avec la comparution du CHU de Bordeaux et de deux médecins devant le tribunal correctionnel. Ils sont accusés de blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de plus de trois mois.

Une infection sous-estimée aux conséquences tragiques

L’affaire trouve son origine en juillet 2011, lorsque Priscilla Dray, alors âgée de 36 ans, se rend au CHU Pellegrin de Bordeaux pour une interruption volontaire de grossesse (IVG). L’intervention se déroule sans encombre, mais le lendemain, elle développe une forte fièvre, symptôme typique d’une infection. Prise de panique, elle retourne aux urgences où un interne décide de retirer le stérilet qui lui avait été posé et effectue un prélèvement vaginal. Il soupçonne une endométrite, une infection de la muqueuse utérine, mais ne prescrit aucun antibiotique.

Le médecin de garde, alerté par l’interne, refuse l’administration d’un traitement antibiotique sans avoir vu la patiente en personne. Ce choix s’avérera déterminant. Priscilla Dray rentre chez elle, mais son état empire rapidement. Deux jours plus tard, une médecin généraliste du Cap-Ferret diagnostique une infection grave et l’oriente à nouveau vers le CHU avec une lettre de recommandation. Malheureusement, cette lettre ne parvient jamais aux urgentistes, ce qui retarde encore la mise en place du traitement adéquat.

Lorsqu’enfin elle est admise en réanimation, il est trop tard : la septicémie provoquée par un staphylocoque doré s’est propagée. Pour éviter un choc septique fatal, les médecins n’ont d’autre choix que d’amputer ses deux jambes, son avant-bras droit et sa main gauche.

Une bataille judiciaire de longue haleine

Priscilla Dray porte plainte contre l’hôpital, estimant que la lenteur et les erreurs de diagnostic ont directement conduit à son calvaire. En 2017, le tribunal administratif de Bordeaux condamne le CHU à lui verser une provision de 300 000 euros, reconnaissant la faute de l’établissement.

Mais la bataille judiciaire ne s’arrête pas là. Le 17 février 2025, près de quatorze ans après les faits, le CHU de Bordeaux et deux de ses gynécologues doivent répondre devant le tribunal correctionnel des accusations de blessures involontaires. Le rapport d’expertise pointe des manquements graves : le refus d’administrer des antibiotiques à temps et une mauvaise coordination entre les différents services hospitaliers.

L’enjeu du procès est crucial : au-delà de la reconnaissance des torts subis par Priscilla Dray, cette affaire pourrait redéfinir certaines pratiques hospitalières en matière de prise en charge des infections post-opératoires.

Aujourd’hui, Priscilla Dray vit avec des prothèses et une assistance quotidienne. Elle a perdu son autonomie, mais aussi une partie de sa vie de mère et de femme. Elle espère que la justice pourra enfin mettre en lumière les erreurs qui ont bouleversé son existence et, surtout, que de tels drames ne se reproduisent plus.

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