L’enquête sur la pollution du Bassin d’Arcachon progresse. Le maire d’Arcachon et président du Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba), Yves Foulon, a été entendu en audition libre par la police dans le cadre des investigations menées sur les rejets d’eaux usées dans la lagune.
Cette audition, qui s’est tenue mardi 18 février 2025, marque une nouvelle étape dans un dossier épineux qui implique également plusieurs responsables du secteur de l’assainissement.
L’affaire trouve son origine dans une série d’épisodes de pollution recensés dès l’hiver 2023. Cette année-là, des rejets massifs d’eaux usées auraient contaminé les huîtres du bassin, entraînant une épidémie de gastro-entérite parmi les consommateurs. Face à l’ampleur du problème, la commercialisation des huîtres avait été suspendue pendant un mois. À la suite de ces événements, des associations environnementales ont déposé plainte, dénonçant des déversements anormaux et suspectant des négligences dans la gestion du réseau d’assainissement.
Le parquet de Bordeaux a ouvert en janvier 2024 une enquête pour “pollution”, “écocide” et “mise en danger de la vie d’autrui”. Elle a été confiée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), qui a procédé à une série d’auditions et de gardes à vue. Le 10 février 2025, la directrice générale du Siba, Sabine Jeandenand, ainsi que la directrice des opérations de Veolia Atlantique, Laure Cheyres, ont été placées en garde à vue pour être interrogées sur la nature des rejets et les responsabilités des différents acteurs.
Des documents consultés par les enquêteurs révèlent que ces dysfonctionnements étaient connus depuis plusieurs années. Certains éléments laissent penser que des rejets d’eaux usées auraient pu être effectués de manière discrète et volontaire. Pour se défendre, le Siba a récemment demandé des autorisations pour des rejets exceptionnels en cas de fortes pluies, mais ces demandes ont été rejetées par la préfecture de Gironde.
En réponse aux critiques et aux soupçons, le syndicat a annoncé un plan d’investissement ambitieux visant à moderniser le réseau d’assainissement et à construire une nouvelle station d’épuration. Ce programme, chiffré à plusieurs dizaines de millions d’euros, doit être déployé sur cinq ans afin d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent.