La scène avait glacé la France : le 4 mai 2021, Chahinez Daoud, 31 ans, était brûlée vive en pleine rue à Mérignac, après avoir été abattue.
Ce lundi 24 mars, son mari, Mounir Boutaa, comparaissait pour la première fois devant la cour d’assises de la Gironde. L’homme de 48 ans est jugé pour assassinat, avec préméditation.
Dès l’ouverture de l’audience, le ton a été donné. Mounir Boutaa s’est présenté comme une victime. Il a parlé de complot, de manipulations, de “pressions venues d’en haut”, laissant les magistrats face à un discours décousu, par moments incohérent.
“Je suis tombé dans un piège”, a-t-il lancé, évoquant des forces obscures sans jamais les nommer.
Il affirme qu’on veut le faire taire, et que son procès est une mise en scène.
La cour, elle, n’a pas tardé à recentrer les débats sur les faits. Les proches de Chahinez ont pris la parole. Sa mère, Djohar Daoud, a dressé le portrait d’une femme “solaire, courageuse, dévouée à ses enfants”, mais enfermée dans une relation toxique. Chahinez avait déposé plusieurs plaintes. Elle avait alerté les autorités, mais en vain.
C’est l’un des aspects les plus lourds de ce procès : les défaillances des services de police et de justice dans la protection de la jeune femme.
À l’époque du drame, Mounir Boutaa venait de sortir de prison après une précédente condamnation pour violences conjugales. Il n’avait pas de bracelet anti-rapprochement. Plusieurs dysfonctionnements ont été pointés du doigt, entraînant des sanctions internes dans la hiérarchie policière.
Le procès, qui doit se poursuivre jusqu’au 29 mars, promet d’être éprouvant. Les témoignages se succèderont, tentant de retracer le parcours de Chahinez et de comprendre comment une telle tragédie a pu se produire. Mais en ce premier jour, c’est bien l’attitude de l’accusé qui a frappé : celle d’un homme qui nie toute responsabilité, s’enfonce dans des théories fumeuses et semble vouloir fuir l’évidence.