Le procès de Mounir Boutaa s’ouvre ce lundi à Bordeaux, près de trois ans après la mort de Chahinez Daoud, brûlée vive en pleine rue à Mérignac. Un crime qui avait bouleversé la France et mis en cause les failles de la protection des victimes de violences conjugales.
Le 4 mai 2021, il est 18h15 quand Chahinez, 31 ans, est attaquée devant chez elle. Elle vient de sortir pour aller chercher ses enfants à l’école. Mounir Boutaa, son ex-mari, surgit armé d’un pistolet. Il lui tire dessus, la fait tomber, puis l’asperge d’un liquide inflammable. Il met le feu. La jeune femme meurt sur place. Les secours n’ont rien pu faire.
Le drame se déroule dans une rue résidentielle du quartier de Beutre, sous les yeux de plusieurs témoins. La scène est d’une violence extrême. Et très vite, les questions s’accumulent.
Des alertes restées sans suite
Chahinez avait déjà porté plainte contre son ex-mari. En juin 2020, il avait été condamné à 18 mois de prison, dont neuf fermes, pour violences conjugales. Il était sorti en décembre. À sa libération, une interdiction d’entrer en contact avec elle lui avait été imposée, mais aucun dispositif de surveillance n’avait été mis en place. Ni bracelet anti-rapprochement, ni téléphone d’urgence.
En mars 2021, Chahinez avait de nouveau alerté les autorités après une nouvelle agression. Elle disait avoir été frappée, étranglée. Là encore, aucune interpellation. Mounir Boutaa n’a jamais été convoqué par un juge. Il était en liberté, malgré des menaces répétées.

Après le meurtre, plusieurs rapports d’inspection évoquent des « dysfonctionnements en chaîne ». La police aurait sous-estimé la dangerosité de l’homme. La justice n’a pas réagi assez vite. Cinq policiers ont été sanctionnés, dont des cadres du commissariat de Mérignac.
Le gouvernement avait alors promis des mesures. Des bracelets anti-rapprochement supplémentaires, un suivi plus strict, une meilleure coordination entre justice et police. Mais les associations rappellent que les moyens restent insuffisants.
Mounir Boutaa, aujourd’hui âgé de 48 ans, est jugé pour assassinat avec préméditation. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit durer cinq jours. Il sera question de son parcours, de ses antécédents, mais aussi de ce qui n’a pas été fait pour protéger Chahinez.
Dans la salle d’audience, ses proches attendent des réponses. Pour eux, ce procès est aussi celui d’un système qui n’a pas su prévenir l’irréparable.