La bataille juridique entre la mairie de Salles (Gironde) et son ancien responsable administratif, Guillaume Avon, vient de connaître un tournant décisif.
La cour administrative d’appel de Bordeaux a tranché : la municipalité devra prendre en charge les frais d’avocat de son ancien cadre, malgré les tensions qui l’opposent à l’actuel maire, Bruno Bureau.
Guillaume Avon a longtemps occupé un poste stratégique sous le mandat du maire précédent, Luc Dervillé. Officiellement chargé de l’administration générale, il exerçait des fonctions comparables à celles d’un directeur général des services (DGS). Mais en 2019, la justice l’a condamné pour harcèlement moral envers une employée municipale. Parmi les faits reprochés, un déplacement forcé dans un lieu de travail inadapté et une série d’évaluations biaisées ayant entraîné la suppression de certaines de ses primes.
Lorsque Bruno Bureau a remporté les élections municipales en 2020, les relations entre les deux hommes se sont rapidement détériorées. Le nouvel édile, qui avait animé un blog satirique avant son élection, y tournait en ridicule Guillaume Avon sous le surnom de « Carnibal Savon », l’accusant notamment d’avoir obtenu son poste de façon douteuse.
Une protection juridique retirée puis rétablie
Avant de quitter ses fonctions, l’ancien maire Luc Dervillé avait accordé à Guillaume Avon ce qu’on appelle une protection fonctionnelle. Ce dispositif permet aux agents publics et aux élus poursuivis en justice dans l’exercice de leurs fonctions de bénéficier d’une prise en charge de leurs frais d’avocat par la collectivité.
Mais dès son arrivée, Bruno Bureau a annulé cette protection, estimant qu’elle ne relevait pas de l’intérêt général. Un geste que la cour administrative d’appel a jugé partial et infondé. Selon les magistrats, les attaques subies par Avon ne relevaient pas uniquement du débat politique mais d’un véritable acharnement personnel, remettant en cause l’impartialité de la mairie dans ce dossier.
Cette décision oblige aujourd’hui la mairie de Salles à financer plus de 62 500 euros de frais de justice engagés par Guillaume Avon. À cela s’ajoutent 4 000 euros supplémentaires, dus pour les différentes requêtes déposées en appel. La municipalité a encore la possibilité de porter l’affaire devant le Conseil d’État d’ici le 4 avril 2025.