Une vague de contestation s’apprête à déferler sur la France. Les autoentrepreneurs sont appelés à descendre dans la rue mardi 25 mars pour dire non à la réforme du régime de TVA.
À Bordeaux, le rendez-vous est donné à 13 h 30, place de la Bourse, comme dans quatorze autres grandes villes du pays.
Derrière cette mobilisation, une même revendication : le rejet de l’abaissement du seuil d’exonération de TVA à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel. Une mesure inscrite dans le projet de loi de finances pour 2025, qui inquiète profondément les quelque deux millions d’indépendants concernés. Jusqu’à présent, les seuils s’élevaient à 85 800 euros pour les activités commerciales et 34 400 euros pour les prestations de service. La réforme propose de les ramener à un plafond unique, bien plus bas, sans distinction de secteur.
« Si cette réforme passe, je vais devoir facturer la TVA à mes clients, gérer une comptabilité beaucoup plus complexe, et probablement augmenter mes tarifs, ce qui me rendra moins compétitif », résume Lucie, graphiste indépendante installée à Bordeaux, qui participera au rassemblement.
Comme elle, beaucoup redoutent une fragilisation du statut d’autoentrepreneur, souvent choisi pour sa simplicité administrative et sa souplesse.
À l’origine de cet appel à la mobilisation, la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), qui alerte depuis plusieurs semaines sur les conséquences d’un tel changement.
Pour sa direction, « cette réforme est une trahison de l’esprit du statut : elle pénalise les plus modestes, ceux qui essaient de s’en sortir par eux-mêmes, souvent avec peu de moyens ».
Selon la FNAE, 40 % des autoentrepreneurs sont aujourd’hui sous le seuil des 25 000 euros, mais la majorité dépasse ce montant en quelques années d’activité.
Si le gouvernement a récemment annoncé une suspension de la réforme jusqu’au 1er juin, le climat reste tendu. La concertation, ouverte depuis février, n’a pas suffi à rassurer les principaux concernés.
Dans une récente note, le ministère de l’Économie affirme vouloir « mettre fin aux distorsions de concurrence en harmonisant les régimes de TVA », tout en assurant que des dispositifs d’accompagnement seront proposés.
Une réponse jugée « largement insuffisante » par les syndicats professionnels.
À Bordeaux comme ailleurs, les manifestants espèrent faire entendre leur voix avant que la mesure ne soit définitivement adoptée.
« On ne demande pas des privilèges, juste qu’on nous laisse travailler dans des conditions viables », souffle Julien*, photographe autoentrepreneur, en préparant sa pancarte.