L’affaire Priscilla Dray, du nom de cette femme amputée des quatre membres après une interruption volontaire de grossesse (IVG) au CHU de Bordeaux, est au cœur d’un procès qui révèle des carences en matière de prise en charge médicale.
Le drame remonte à juillet 2011. Priscilla Dray, mère de trois enfants, subit une IVG au CHU de Bordeaux.
Rapidement, elle développe une infection sévère qui, selon l’accusation, aurait dû être détectée et traitée plus tôt. Ses symptômes, notamment une fièvre élevée et une fatigue intense, auraient dû alerter les soignants, mais le traitement antibiotique et le transfert en réanimation auraient été retardés. Cette septicémie, mal prise en charge, a conduit à une issue dramatique : l’amputation de ses deux jambes, de son avant-bras droit et de sa main gauche.
Face à ce drame, le procureur Olivier Étienne a vivement critiqué l’attitude des médecins et du CHU de Bordeaux. Lors de son réquisitoire, il a dénoncé “une négligence coupable” et une gestion médicale indigne.
“Tous les signaux clignotaient, ils ont été ignorés, c’est scandaleux“, a-t-il martelé devant la cour, mettant en exergue un enchaînement de manquements graves.
À l’audience, Priscilla Dray a livré un témoignage poignant.
“Ma vie a basculé dans un cauchemar”, a-t-elle déclaré.
Son mari, David Dray, a évoqué l’impact psychologique et matériel de ce drame sur leur famille.
“Nous avons dû réapprendre à vivre avec cette souffrance permanente”, a-t-il ajouté, en insistant sur les bouleversements quotidiens engendrés par cette tragédie.
Face à ces accusations, la défense a plaidé la complexité de la situation médicale à l’époque. Me Bernard Benaïem, avocat du Dr François Vandenbossche, a insisté sur le fait que son client avait “pris les décisions qui s’imposaient en fonction des connaissances médicales de l’époque”. Selon lui, il est injuste de juger les actes passés avec les connaissances d’aujourd’hui.
En fin d’audience, le procureur a requis les sanctions à l’encontre des prévenus. Il demande une peine d’un an de prison avec sursis pour le Dr Martial Dekhili. et seize mois de prison avec sursis assortis d’une interdiction temporaire d’exercice pour le Dr François Vandenbossche. Le CHU de Bordeaux, en tant que personne morale, risque quant à lui une amende de 50 000 euros, dont 30 000 euros ferme.