Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a réactivé sa politique migratoire controversée, ciblant particulièrement les Mexicains sans-papiers.
Ces expulsions massives, justifiées par une rhétorique de sécurité et de protection économique, bouleversent autant la société américaine que les relations avec son voisin du sud. Analyse d’une stratégie aux répercussions multiples.
Pourquoi Trump cible l’immigration mexicaine ?
Depuis ses débuts en politique, Donald Trump a fait de l’immigration un pilier de son discours. En 2016, il promettait de “rendre l’Amérique sûre à nouveau”, justifiant des mesures drastiques pour stopper l’arrivée de migrants clandestins, en majorité mexicains ou originaires d’Amérique centrale.
En 2025, sa posture n’a pas changé. Les déportations massives visent à répondre aux préoccupations d’une partie de son électorat, convaincu que l’immigration illégale menace les emplois, la sécurité et les valeurs américaines. Trump puise également dans des références historiques controversées, telles que l’Opération Wetback des années 1950, symbole d’une répression brutale mais inefficace.
Pour le président, cette politique migratoire se veut une réponse forte à ce qu’il qualifie de “crise nationale”. Mais derrière ce discours musclé, se cachent des réalités complexes et des conséquences aux multiples facettes.

Une bombe économique en préparation
Si les motivations sécuritaires dominent le discours officiel, les experts mettent en garde : expulser des millions de travailleurs sans-papiers pourrait causer un choc économique.
Selon le American Immigration Council, une déportation massive entraînerait une contraction du PIB américain de 4,2 % à 6,8 %, soit une perte de plus de 1 500 milliards de dollars. Pour perspective, la récession de 2008 avait provoqué une baisse de 4,3 %. Les États-Unis risquent ainsi de faire face à une crise sans précédent.
Certains secteurs seraient particulièrement impactés. L’agriculture, la construction et les services – souvent soutenus par une main-d’œuvre immigrée – pourraient connaître des pénuries critiques. En Californie, par exemple, 70 % des ouvriers agricoles sont des migrants, dont une majorité en situation irrégulière. Les employeurs, privés de cette force de travail, pourraient voir leurs coûts exploser et leur production s’effondrer.
De plus, la consommation intérieure, moteur principal de l’économie américaine, souffrirait directement. Les travailleurs immigrés représentent une puissance d’achat estimée à 256,8 milliards de dollars par an. Leur départ affaiblirait la demande dans des secteurs clés comme le logement, l’alimentation ou les transports.
Des conséquences humaines désastreuses

Au-delà des chiffres, ce sont des vies humaines qui se trouvent bouleversées. Des milliers de familles risquent d’être séparées, notamment lorsque les parents sans papiers sont expulsés tandis que leurs enfants, nés sur le sol américain, restent protégés par leur nationalité.
Des témoignages poignants émergent déjà, comme celui de célébrités telles que Selena Gómez, qui a publié une vidéo émotive sur les réseaux sociaux, dénonçant les souffrances des enfants arrachés à leur foyer. “C’est insupportable de voir ces familles brisées. Ils méritent mieux”, a-t-elle déclaré.
De l’autre côté de la frontière, les villes mexicaines peinent à absorber l’arrivée massive de déportés. À Ciudad Juárez, des milliers de migrants se retrouvent sans ressources ni soutien. Les autorités locales et les ONG se démènent pour offrir des abris et des repas, mais les infrastructures, déjà fragiles, sont mises à rude épreuve.
Tensions croissantes entre washington et mexico
Cette politique migratoire n’affecte pas seulement les individus, mais aussi les relations diplomatiques entre les États-Unis et le Mexique. La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a exprimé sa préoccupation face à l’afflux de déportés, dont un nombre croissant ne sont même pas mexicains.
Malgré sa volonté initiale de refuser l’accueil de migrants non mexicains, Sheinbaum a récemment confirmé que son gouvernement acceptait désormais des individus d’autres nationalités, sous pression américaine. Ce revirement pourrait toutefois détériorer les relations bilatérales à long terme.
Les experts redoutent un dialogue diplomatique “explosif”, où la question migratoire pourrait devenir un véritable champ de bataille. L’enjeu est de taille : préserver une collaboration fragile entre deux nations interdépendantes sur les plans économique et stratégique.