Le 8 janvier 2025, le tribunal de Limoges a ordonné à la Coordination Rurale de Haute-Vienne de retirer immédiatement ses affiches controversées, qui promettaient une prime de 1 000 euros pour chaque loup abattu.
Cette décision intervient après plusieurs semaines de polémiques et une plainte déposée par des associations de protection animale.
En juillet 2024, face à une recrudescence d’attaques de troupeaux attribuées aux loups dans la région de la Haute-Vienne, la Coordination Rurale 87 a lancé une campagne choc pour alerter sur les préjudices subis par les éleveurs. Des affiches, diffusées sur le territoire, promettaient une récompense financière de 1 000 euros pour tout loup abattu, une initiative visant à dénoncer l’inaction des pouvoirs publics face à ce que les agriculteurs considèrent comme une menace majeure.
Cependant, cette campagne a rapidement suscité l’indignation d’associations environnementales. Elles ont dénoncé une incitation claire au braconnage et une violation flagrante de la loi, le loup étant une espèce protégée par la convention de Berne et la législation française. L’association One Voice, en particulier, a saisi la justice, arguant que cette campagne mettait en danger une espèce menacée tout en déstabilisant les efforts de conservation.
Après examen de l’affaire, le tribunal de Limoges a jugé que les affiches constituaient une incitation illégale à tuer une espèce protégée, en contradiction avec les lois nationales et internationales. La Coordination Rurale a été sommée de retirer immédiatement tous les supports incriminés, sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour de retard. En outre, le syndicat agricole a été condamné à verser 1 500 euros pour couvrir les frais de justice engagés par l’association plaignante.
Réactions des parties concernées
La décision judiciaire a été saluée par les associations de protection animale comme une victoire pour la préservation de la biodiversité.
L’avocate de l’association One Voice a déclaré que « cette décision rappelle que les espèces protégées ne peuvent pas être sacrifiées au nom d’intérêts économiques ».
De son côté, la Coordination Rurale 87 a exprimé sa déception et dénoncé ce qu’elle considère comme un manque de soutien des pouvoirs publics face aux difficultés des éleveurs. Selon le syndicat, les attaques de loups coûtent cher aux exploitants et créent un sentiment d’abandon dans les zones rurales.
Un débat plus large sur la cohabitation
Cette affaire met en évidence la complexité du débat autour de la cohabitation entre les activités humaines et la présence de prédateurs naturels. Les éleveurs demandent des mesures concrètes pour protéger leurs troupeaux, comme une augmentation des indemnisations ou des dispositifs renforcés de prévention. De leur côté, les associations environnementales plaident pour une approche équilibrée, incluant la conservation des loups tout en soutenant les agriculteurs.
Alors que les tensions autour de la présence du loup en France ne cessent de croître, cette affaire pourrait servir de précédent et inciter les autorités à prendre des décisions claires pour concilier les besoins des éleveurs et les exigences de la conservation. En attendant, la Coordination Rurale a annoncé qu’elle étudierait les voies de recours possibles tout en appelant à une mobilisation accrue des exploitants agricoles.