Le tribunal correctionnel de Bordeaux a rendu son verdict.
Ce jeudi 16 janvier 2025, Baillardran, institution bordelaise connue mondialement pour ses canelés, a été condamnée à une amende de 100 000 euros pour pratiques commerciales trompeuses. Une affaire qui ternit l’image d’un fleuron de la gastronomie locale et soulève des interrogations sur les pratiques de certaines grandes maisons.
Des pratiques loin de l’excellence revendiquée
L’affaire a commencé par une enquête de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), qui a révélé des manquements graves à la transparence envers les consommateurs. Parmi les pratiques mises en cause :
- Congélation non signalée : Les canelés invendus étaient congelés puis revendus comme des produits frais, trompant ainsi les acheteurs sur leur qualité.
- Changements d’ingrédients : L’enquête a relevé l’utilisation de lait en poudre à la place de lait frais, et l’absence de beurre dans certaines recettes. Des substitutions non mentionnées sur l’étiquetage.
- Arômes artificiels : Là où la marque vantait une vanille naturelle, l’analyse a révélé l’emploi d’arômes de synthèse.
Ces révélations jettent une ombre sur une entreprise qui a longtemps été le porte-étendard de l’artisanat bordelais.
Le parquet avait initialement requis une amende de 800 000 euros, dont 400 000 avec sursis, assortie de l’obligation de publier la décision de justice dans toutes les boutiques de la marque. Le tribunal, lui, a opté pour une sanction plus clémente : une amende de 100 000 euros, sans obligation d’affichage.
Un choix qui interroge.
« Compte tenu de la réputation et du chiffre d’affaires de Baillardran, cette amende risque d’être perçue comme un simple rappel à l’ordre », commente un spécialiste en droit de la consommation.
Une absence qui interpelle
À l’énoncé du jugement, Baillardran brillait par son absence. Ni le représentant légal de la société, ni un avocat n’étaient présents au tribunal. Un choix qui a déçu les nombreux journalistes présents et laissé un goût amer aux clients fidèles de la marque.
« On attendait au moins qu’ils s’expliquent. Leur silence est un manque de respect », confie un consommateur régulier.
Pour une maison dont le prestige repose sur l’idée de tradition et d’authenticité, cette condamnation est un coup dur. Si les canelés Baillardran continuent de séduire les touristes et les amateurs de pâtisserie, cette affaire pourrait éroder la confiance d’une partie de sa clientèle locale.
Certains consommateurs se disent prêts à tourner le dos à la marque.
« Quand on paie 2 ou 3 euros pour un canelé, on s’attend à de la qualité, pas à des pratiques industrielles cachées », s’indigne une Bordelaise interrogée dans une boutique du centre-ville.
Quelles conséquences ?
Baillardran dispose encore d’un délai pour faire appel de la décision. En attendant, la marque devra redoubler d’efforts pour regagner la confiance de ses clients. Une communication transparente et des garanties sur la qualité des produits pourraient être des premières étapes.
Pour Bordeaux, cette affaire est aussi un signal d’alarme : même les emblèmes locaux doivent répondre de leurs actes. Cette condamnation rappelle que la réputation ne suffit pas, et qu’il est essentiel de rester fidèle aux valeurs affichées.