L’enseigne emblématique de canelés bordelais, Baillardran, est au cœur d’une tourmente judiciaire.
Accusée de « pratiques commerciales trompeuses », la marque historique a comparu devant le tribunal de Bordeaux le 5 décembre 2024. L’enjeu est de taille : une amende pouvant atteindre 800.000 euros.
Une institution sous enquête
Reconnue comme l’un des fleurons de la pâtisserie bordelaise, Baillardran s’est construite sur une promesse : proposer des canelés de qualité, confectionnés dans le respect de la tradition. Mais une enquête lancée en 2023 par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) a levé le voile sur des pratiques jugées problématiques.
Selon les autorités, l’enseigne aurait manqué de transparence quant à l’origine de certains ingrédients et à l’utilisation de labels valorisant leurs produits. Les inspecteurs ont relevé des écarts entre les informations communiquées aux consommateurs et les pratiques réelles, ce qui pourrait porter atteinte à la confiance du public.
Une défense qui mise sur l’intention
Lors de l’audience, les avocats de Baillardran ont nié toute volonté délibérée de tromper les clients.
« Il ne s’agit pas d’une fraude organisée, mais de maladresses administratives », ont-ils soutenu.
Ils ont également souligné les efforts récents de l’entreprise pour améliorer ses procédures et garantir une conformité totale avec les réglementations en vigueur.
Cependant, le ministère public a appelé à une sanction exemplaire.
« Les consommateurs ont le droit de savoir exactement ce qu’ils achètent, surtout lorsqu’il s’agit de produits emblématiques comme les canelés », a déclaré le procureur.
Une amende de 800.000 euros a été requise pour refléter la gravité des infractions présumées.
Une réputation en jeu
Cette affaire éclate après une période faste pour Baillardran, marquée notamment par l’accueil des souverains britanniques, Charles III et Camilla, lors de leur visite à Bordeaux en septembre 2023. À cette occasion, l’enseigne avait brillé en tant qu’ambassadrice du savoir-faire artisanal bordelais.
Aujourd’hui, cette reconnaissance internationale pourrait être éclipsée par le retentissement de ce procès. « Quand on est le visage d’une tradition régionale, on a une responsabilité particulière », confie un expert en communication de crise.
La parole aux Bordelais
À Bordeaux, les avis sur cette affaire divergent.
« C’est décevant. On associe Baillardran à la qualité et à l’authenticité. Si ces accusations sont avérées, c’est un coup dur pour notre patrimoine », déplore un habitant du centre-ville.
D’autres, plus pragmatiques, rappellent que les entreprises peuvent commettre des erreurs sans pour autant perdre leur légitimité.
« Ils doivent rectifier le tir et être transparents. C’est ce que les clients attendent », estime une cliente fidèle.
Une décision attendue
Le tribunal de Bordeaux rendra son verdict le 16 janvier 2024. Ce jugement sera déterminant, tant pour l’avenir de l’enseigne que pour l’image du canelé bordelais.
L’affaire Baillardran soulève des questions plus larges sur la responsabilité des entreprises artisanales à forte notoriété. À une époque où les consommateurs sont de plus en plus vigilants sur l’origine et la composition des produits, ce procès pourrait bien servir d’avertissement à l’ensemble du secteur.