Procès Boutaa : proches et témoins décrivent des années sous emprise
Crédit: AFP

Ce mercredi 26 mars, devant la cour d’assises de la Gironde, l’ambiance était lourde.

À la barre, l’ex-femme de Mounir Boutaa, deux de leurs enfants et la fille aînée de sa première union ont raconté ce qu’ils ont vécu. Eux aussi ont été marqués par la violence de celui qui comparaît aujourd’hui pour avoir tué Chahinez Daoud en pleine rue, à Mérignac, en 2021.

Ils n’ont pas cherché à se mettre en avant, encore moins à se plaindre. Mais leurs récits ont montré que bien avant ce féminicide, la peur et les tensions faisaient partie du quotidien. Son ex-compagne a décrit un homme jaloux, qui contrôlait tout, qui surveillait ce qu’elle portait, qui s’énervait pour un rien. Une emprise qui s’est installée progressivement, et contre laquelle elle n’a pas réussi à se défendre.

Leurs enfants, devenus jeunes adultes, ont pris la parole à leur tour. Tous ont évoqué un père instable, imprévisible. Des silences, de la distance, parfois des insultes ou des colères. L’un d’eux a parlé de la honte ressentie, de la colère aussi. Une autre a confié qu’elle vivait avec un mélange d’effroi et de culpabilité, sans vraiment comprendre ce qu’il se passait à l’époque.

Ces témoignages n’ont pas porté sur le crime lui-même, mais sur ce qui l’a précédé. Et ils ont rappelé une chose : la violence n’a pas surgi du jour au lendemain. Pour cette famille-là, la blessure ne se refermera pas facilement.

La cour a aussi entendu le témoignage marquant d’un voisin, Gérard, 76 ans. Ce 4 mai 2021, il se trouvait chez lui lorsqu’il a entendu des cris, suivis de coups de feu. En sortant, il a vu la victime à terre, aspergée d’un liquide, et l’accusé qui s’apprêtait à mettre le feu. L’homme âgé a tenté d’approcher, mais s’est retrouvé menacé avec une arme. Il a tout de même essayé de revenir avec des couvertures pour étouffer les flammes, en vain : le feu était trop intense et les couvertures ont rapidement pris feu elles aussi. Gérard a dû reculer, impuissant. À la barre, il a dit être toujours hanté par ce qu’il a vu ce jour-là.

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