C’est une performance qui aurait pu rester dans les annales du transport privé : le 30 juillet 2023, Zouhir Mouksit, chauffeur VTC bordelais, réalise une course de 1 340 kilomètres entre Anglet et Dortmund, la plus longue jamais effectuée via l’application Uber.
Mais cet exploit s’est transformé en combat judiciaire. À son retour en France, l’application refuse de valider la course, invoquant une “utilisation frauduleuse” de son compte. Résultat : 2 100 euros de rémunération envolés. Depuis, le chauffeur ne réclame pas seulement son dû : il exige la requalification de son statut en contrat de travail.
Uber, un employeur qui ne dit pas son nom ?
Derrière cette affaire, une question revient avec insistance : les chauffeurs Uber sont-ils réellement indépendants ? Comme de nombreux VTC, Zouhir Mouksit dénonce un modèle économique qui, sous couvert d’auto-entrepreneuriat, impose en réalité des contraintes dignes d’un employeur. Tarifs imposés, notation des clients, géolocalisation en temps réel… autant d’éléments qui, selon lui, prouvent un lien de subordination.
La justice française commence d’ailleurs à trancher en faveur des chauffeurs. Le 4 mars 2020, la Cour de cassation a rendu un arrêt historique reconnaissant le statut de salarié d’un chauffeur Uber, une décision qui fait aujourd’hui jurisprudence. Plus récemment, en janvier 2023, le Conseil des Prud’hommes de Lyon a de nouveau statué en faveur d’un chauffeur, confirmant l’évolution du cadre légal.
Dans le cas de Zouhir Mouksit, le Conseil de prud’hommes de Bordeaux a rejeté son dossier en décembre 2023, un premier revers qui ne l’a pas découragé. Avec ses avocats, il a fait appel en février 2024 et espère un jugement courant 2025.
