Ce lundi 13 janvier 2025, la ville de Cenon a rendu un vibrant hommage à Nasrine, employée municipale de 41 ans tragiquement décédée le 9 janvier, victime d’un féminicide.
Cet événement, organisé par la municipalité en partenariat avec des associations locales et féministes, a rassemblé des centaines de personnes venues exprimer leur douleur, leur solidarité et leur détermination à lutter contre les violences faites aux femmes.
Sur le parvis de l’Hôtel de Ville, dès midi, une foule silencieuse s’est réunie pour un moment de recueillement. Le maire de Cenon a ouvert la cérémonie par un discours poignant, rendant hommage à Nasrine en tant que collègue, mère et figure aimée de la communauté locale. Il a également rappelé l’urgence d’agir face à l’augmentation des violences conjugales :
« Aujourd’hui, nous pleurons Nasrine. Demain, nous devons agir pour que plus jamais aucune femme ne subisse ce qu’elle a enduré. »
Une marche blanche pleine de symboles
À la suite des allocutions, une marche blanche a traversé les rues de Cenon, du parvis de l’Hôtel de Ville au groupe scolaire Jules Guesde, où les enfants de Nasrine étaient scolarisés. Les participants portaient des pancartes arborant des messages tels que “Justice pour Nasrine” et “Stop aux féminicides”. Le cortège, composé de familles, de collègues et de citoyens, avançait en silence, créant une atmosphère lourde mais empreinte d’espoir et de solidarité.
À l’arrivée devant l’école, des fleurs ont été déposées devant une banderole où l’on pouvait lire :
“Pour Nasrine et toutes les autres.”
Un accompagnement pour les proches et la communauté
Le drame ayant fortement impacté les proches de Nasrine, la municipalité a déployé des cellules de soutien psychologique :
- Une pour les élèves et enseignants de l’école Jules Guesde, où les enfants de Nasrine poursuivent leur scolarité.
- Une autre pour les agents municipaux de Cenon, particulièrement affectés par la perte brutale de leur collègue.
Un fonds de soutien a également été créé pour venir en aide financièrement à la famille de la victime, en particulier pour ses trois enfants.
Nasrine a été tuée par son conjoint à leur domicile de Cenon le 9 janvier, une tragédie qui a suscité l’indignation dans toute la région. Cet acte de violence conjugale est malheureusement représentatif d’un fléau qui continue de toucher des milliers de femmes en France chaque année.
Depuis ce drame, plusieurs associations locales, dont Solidarité Femmes Gironde, ont intensifié leurs actions de sensibilisation dans les écoles et auprès des institutions. Ces initiatives visent à briser le silence et à éduquer dès le plus jeune âge pour prévenir les violences conjugales.
Chiffres des féminicides : un fléau persistant
Selon les données nationales :
- En 2022, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France, un chiffre en légère baisse par rapport à 2021.
- En 2023, 94 féminicides ont été recensés, marquant une diminution de 20 %.
Au niveau local, dans la métropole bordelaise, la situation reste préoccupante :
- Deux féminicides ont été enregistrés en 2022 dans la métropole, contre six en 2021.
- Pour 2023, les chiffres détaillés ne sont pas encore disponibles, mais plusieurs associations locales ont rapporté une recrudescence des signalements.
Un appel à l’action collective
Cet hommage à Nasrine n’est pas seulement un moment de recueillement ; c’est aussi un cri d’alarme. La ville de Cenon, par la voix de son maire, a annoncé vouloir intensifier ses efforts dans la lutte contre les violences faites aux femmes, avec :
- La mise en place d’un numéro local dédié pour signaler les violences.
- L’organisation de formations pour sensibiliser les agents municipaux et les acteurs sociaux.
- Une augmentation des subventions aux associations locales de soutien aux victimes.
L’hommage rendu à Nasrine dépasse le cadre d’une simple cérémonie. Il représente une prise de conscience collective et une volonté commune d’agir pour mettre fin à un fléau qui coûte chaque année la vie à des dizaines de femmes. Cenon, unie dans la douleur, espère que cet élan de solidarité portera ses fruits et qu’aucune autre femme ne connaîtra le sort de Nasrine.