Ils pensaient pouvoir tourner une page douloureuse. Le 19 mars dernier, le tribunal correctionnel de Libourne reconnaissait une ancienne employée municipale de la cantine scolaire de Saint-Ciers-d’Abzac coupable de violences volontaires sur mineurs.
L’ex-cantinière n’a plus le droit d’approcher les enfants victimes, ni de remettre les pieds dans l’école avant trois ans. Elle est également définitivement écartée de toute fonction, rémunérée ou non, en lien avec des mineurs.
Les familles des enfants victimes livrent leur témoignage au Bulletin Bordelais :
Cette nouvelle a ravivé un mélange de choc, de fatigue et d’incompréhension chez les parents. Plusieurs d’entre eux, déjà très éprouvés par la procédure initiale, ont fait part de leur désarroi.
« Nous sommes abasourdis, et accompagnés d’un sentiment de tristesse et de peur. »
« Cela s’explique par le fait que l’idée de repartir dans une autre procédure est dure psychologiquement, financièrement, et va être longue dans le temps. »
Derrière ces mots sobres, c’est une détresse réelle qui s’exprime. Les familles se retrouvent brutalement projetées dans une nouvelle bataille judiciaire alors qu’elles espéraient reconstruire un quotidien stable pour leurs enfants. Or, ce sont justement ces derniers qui restent les plus fragilisés.
« Tout cela ne va que compliquer notre situation, et surtout celle de nos enfants, qui ont du mal à se reconstruire. »
Des « jeux » qui ont laissé des traces
Lors du premier procès, l’ex-employée avait nié les faits de maltraitance rapportés par plusieurs élèves. Coups de torchon, coups de pied, insultes : les violences évoquées avaient pourtant été jugées suffisamment graves pour justifier une condamnation. La prévenue, elle, avait expliqué qu’il ne s’agissait que de « jeux » mal interprétés. Un argument que les familles refusent catégoriquement.
« La position de l’accusée de faire appel de la décision, puisque pour cette dernière ce n’était que des jeux et donc rien de répréhensible, est pour nous inconcevable. »
« Comment ce qui était des “jeux” a autant détruit nos enfants ? »
L’appel, une épreuve de trop
Pour les familles, la décision de faire appel est vécue comme une remise en question de la parole des enfants et de leur souffrance. Ce nouvel épisode judiciaire rallonge une épreuve déjà lourde à porter, aussi bien émotionnellement que matériellement.
« Cela va être long dans le temps », confient les parents.
« Et cette longueur, ajoutent-ils, risque de faire peser un poids supplémentaire sur des enfants déjà en grande difficulté.»
L’affaire avait suscité une onde de choc dans la commune de Saint-Ciers-d’Abzac. Si la municipalité avait rapidement suspendu l’employée dès les premiers signalements, la confiance dans le cadre scolaire a été entamée. La procédure d’appel risque de raviver les tensions, dans l’école comme au sein de la communauté éducative.
Les familles, elles, espéraient pouvoir passer à autre chose. Aujourd’hui, elles se disent prêtes à faire face, mais ne cachent pas leur lassitude ni leur inquiétude.